11/01/2010
La (véritable) légende de Saint Martin
Saint Martin, comme il traçait un jour, tranquille, sa route d’évangéliste prosélyte, rencontra au bord du chemin un pauvre homme nu. Les hivers étaient rudes en ce temps-là, et justement c’était l’hiver, donc… donc, il faisait froid, y’en a qui suivent pas au fond !... Bref, l’homme lui fit, en termes choisis, une proposition somme toute généreuse de son point de vue :
- « File-moi ton manteau, bâtard, j’me caille les miches grave ! »
Devant son air menaçant, devant son évidente misère aussi, St Martin fut tenté de céder, comme sans doute certains d'entre nous l'auraient fait, par pitié ou par trouille. Mais le courage ne lui manquant pas, et son sens de l'équité étant heurté, il répliqua aussi sec :
- « T’es ouf ! Gagedé, rien à battre, t’avais qu’à être poli… tchulé, va ! »
St Martin, en bon pèlerin, était équipé d’un solide bâton et savait s’en servir pour rosser du manant à l’occasion (façon moine Shaolin un peu, mais version cassoulet). Alors, (attention, polésie)
Joignant le geste à la parole,
Malin et vif comme le serpent,
St Martin latta les roubignoles
Du mendiant impertinent.
- « Tu vois, tu m’aurais bien causé, ’ça se trouve j’aurai partagé le manteau en deux, sérieux (je vais pas tout te donner non plus, sinon c’est moi qui me retrouve à poil, et la justice elle est où là-dedans ?). Que là, t’ois, ben walou : je m’arrache pis c’est tout. Tchao, loser ! (car St Martin, qui avait des rudiments d’anglais, savait orthographier ce mot correctement, et surtout pas avec deux ‘o’, vu que ça veut plus rien dire dans ces cas-là). »
Après quoi, drapé dans sa dignité et sa chaude pelisse, encore vibrant d’une sainte colère, le vénérable pèlerin reprit sa route, en quête d’une âme plus belle, d’une oreille plus attentive à sa proposition d’amour et de partage entre les hommes, putain.
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